Morgwen a écrit:
La France est déjà courageuse de s'être engagée au Mali, je pense qu'il faudrait que les différentes puissances s'entendent pour intervenir de manière concertée.
Je suis d'accord, la France s'implique apparemment pas mal, mais (il y en a toujours un), les décideurs influents s'appellent Arabie et Qatar d'une part. D'autre part, ces mêmes décideurs voudraient bien éliminer le chiisme de la surface de la Terre. De surcroît, il fut une époque où l'Iran était le grand satan, inféodé aux Russes (ce qui est certes encore le cas), et du coup, occidentaux et arabes du golfe se sont rassemblés derrière Saddam pour leur mettre la pâté.
Aujourd'hui, l'occident paie le prix de cette alliance, car l'Arabie préfère encore voir
Daesh Al Qaeda aux portes de royaume, plutôt que l'Iran.
Quelques références pour appuyer mes arguments :
extrait a écrit:De fait, il s’agit pour Riyad d’étendre l’influence saoudienne au-delà même du monde arabe selon le principe du daawa wal irchad (« prosélytisme et propagation de la foi », d’obédience exclusivement wahhabite, cela va sans dire). Cette forme d’islamo-salafisme peut prendre une expression particulièrement virulente lorsque les circonstances historico-politique lui offrent l’opportunité de se projeter à l'extérieur du Dar al islam (« Monde de l'islam ») dans le Dar al Harb (« Monde de la guerre ») à travers une logique spécifiquement djihadiste. A cet égard, le djihad anti-soviétique en Afghanistan au début des années 80 est emblématique d’une dynamique qui, en pleine Guerre froide, converge alors avec les intérêts américains. Le président américain Ronald Reagan qualifiera d’ailleurs les moudjahidines (« combattants de la foi ») de « combattants de la liberté » ceux qui allaient mener le djihad en Afghanistan largement financé par les « pétro-dollars » saoudiens. Au début des années 80, les recettes saoudiennes passèrent de quelque 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981[6]. Riyad offrait quasi-gratuitement des billets d’avion à ceux qui - comme un certain Oussama Ben Laden - manifestaient la velléité d’aller combattre l’Armée rouge en Afghanistan, cette dernière s’épuisant durant près d’une décennie avant d’entamer un piteux retrait en 1988.
source extrait a écrit:Daesh [1] est idéologiquement hostile au chiisme, et par voie de conséquence à la République islamique : dans son interprétation profondément sectaire et extrémiste de l’islam, le groupe dénie en effet aux chiites comme aux alaouites – dont est issu Bachar el-Assad, ses partisans étant désignés par l’appellation péjorative de « nusayri » – la qualité de musulmans, ce qui en fait, ipso facto, des apostats passibles de mort. C’est pourquoi la République islamique utilise généralement, pour désigner les membres de Daesh, le qualificatif de « takfiri », c’est-à-dire « excommunicateurs » [2].
Cette attitude extrême vis-à-vis des chiites, et particulièrement du chiisme duodécimain majoritaire en République islamique, n’est pas propre à Daesh : elle est partagée par une partie des courants sunnites radicaux, des Wahhabites saoudiens aux Talibans. Elle est pourtant particulièrement prégnante chez Daesh, dont les origines remontent à al-Qaida en Irak, fondé en 2004 par Abu Mussab al-Zarqawi.
source extrait a écrit:Les Saoudiens ont mal perçu la façon dont les Américains ont lâché Hosni Moubarak (ancien président Egyptien, ndlr). Ryad a jugé que la promotion de la démocratie durant cette période a surtout été source de déstabilisation au Moyen-Orient. Sur le dossier Syrien, l'Arabie saoudite s'attendait à ce que Washington intervienne comme il l'avait promis en cas de franchissement de la ligne rouge, à savoir l'utilisation de gaz militaires contre les civils. Le royaume voudrait renverser le pouvoir de Bachar el-Assad et ainsi briser une alliance vieille de plus de quarante entre la Syrie et l'Iran. Enfin, la politique de Barack Obama avec l'Iran a suscité, dès le départ, le mécontentement des Saoudiens.
source extrait a écrit:Les partisans d’Ali Abdallah Saleh et les houthis avaient repris une bonne partie du pays yéménite, un peu comme Bachar Al-Assad en Syrie au début de l’année. Faisant d’une pierre deux coups, les états-majors arabes peuvent prétexter cette nouvelle menace au sud pour se détourner de l’aide à l’Amérique contre l’Etat islamique. Dans le même temps, faire la guerre à l’Iran et ses alliés houthis au Yémen affaiblit indirectement les moyens chiites engagés en Irak-Syrie.
Et là, étrangement, la coalition arabe fait du dégât. Et l’ennemi recule. Au Yémen, la prudence de mise sur l’Euphrate n’a plus lieu d’être. Plus question de “frappes chirurgicales” puisque les Américains ne sont pas là pour valider ou non les bombardements. C’est donc un véritable carnage aérien qui s’abat sur le Yémen. Son patrimoine fait les frais d’un “bombing carpet” que n’aurait pas renié Bachar Al-Assad. Ce ne sont pas quelques barils d’explosif qui sont lâchés au hasard des villes mais des bombes de plusieurs centaines de kilos. Les vieux quartiers d’Aden ou de Sanaa sont éventrés, tandis que civils et militaires croulent sous les gravas. Soutien a minima en Irak et en Syrie mais engagement frénétique au Yémen, il faut croire que le clivage religieux pèse davantage que la défense des restes du printemps arabe.
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