Morrígan
Morrígan est une des déesses celtiques les plus paradoxales. Experte en arts occultes et manipulatrice hors-pair, elle a joué des rôles cruciaux dans bon nombre de légendes et ces interventions ont ainsi dire complétement changé
La Grande Reine
Le nom « Morrígan » prend sa racine de l’ancien gaélique. L’interprétation la plus connue est celle qui consiste à dire que « Mor » signifie « Grande » et « rígan » signifie « reine ». Une de ses fonctions principales est donc de représenter la souveraineté. Chez les celtes, le roi et le territoire du royaume ne font qu’un. C’est pour cela que dans la mythologie, Morrígan teste le roi ou le roi-à-en-devenir pour savoir s’il est digne de gouverner. Elle prend donc l’apparence d’une femme hideuse et vieille, et dit au roi que pour régner il devra coucher avec elle. Si le roi arrive à reconnaître son statut de souveraine du territoire et qu’il accepte son offre, elle prendra l’apparence d’une femme d’une beauté exceptionnelle et s’unira physiquement avec lui. Ce qui donnera le pouvoir de gouverner au roi. S’il refuse, il deviendra indigne de régner et se fera bannir de la lignée royale ainsi que ses descendants. Dans le mythe du « Lebor Gabala Erenn » (livre des invasions), elle testa également son propre peuple, lors de la bataille qui opposa les Tuatha de Danann au Fir Bolgs, pour savoir s’ils étaient dignes de régner sur l’Irlande. Pour cela, elle n’intervint volontairement pas dans la bataille et lorsque son peuple commençait à perdre l’avantage et s’approchait dangereusement de la défaite, elle se posa alors sur la plus haute des mégalithes et hurla férocement sur son peuple. Les mots qu’elle prononça sonnèrent comme une vague de courage et de force qui traversa toute l’armée. Le moral au plus haut, les guerriers des Tuatha contrebalancèrent l’ennemi et finir par gagner la bataille. Ici, on voit clairement que le rôle de Morrígan était de représenter la souveraineté que les Tuatha se battaient pour obtenir. Voyant la souveraineté se ranger de leur côté, les guerriers furent plus motivés que jamais.
La Furie Guerrière
En parfaite déesse de la guerre, Morrígan est une combattante hors-pair. Elle rusa de magie et de force brute pour se frayer un chemin à travers le champ de bataille, en anéantissant tous ceux qui se trouvaient sur son chemin, afin d’atteindre un des chefs des Fomoires, Indech, pour lui arracher les testicules et le cœur, afin d’en extraire le sang et l’offrir en bénédiction aux guerriers de la Tuatha de Danann (rien que ça …), comme elle l’avait promis à Dagda. Avant la bataille, comme il était de coutume chez les guerriers celtes, Morrígan déclara quels seront ses exploits durant cet affrontement en prononçant la phrase suivante : « Il est évident que je suis du genre à me remettre debout très rapidement. Aussi, je poursuivrai tous les ennemis que je verrai et je tuerai tous ceux qui seront sous mon regard. »
La Luxurieuse
Un aspect un peu moins mis en avant, mais tout autant important, Morrígan est aussi une déesse de la sexualité. Pour faire simple, tout tourne autour du sexe dès qu’il s’agit de recevoir une de ses faveurs. Il en a été pour les rois irlandais, comme il en a été de même pour Dagda et pour Cù Chulainn. Le premier ne se fit pas prier, il accepta sans soucis la condition de Morrígan. Satisfaite de sa performance, elle lui révéla les emplacements stratégiques des Formoires et jura de tuer Indech, pour le remercier de ce moment. Le second, lui, eu le malheur de refuser, car « le temps n’était pas au sexe » avait-il dit, après que cette dernière lui offrit ce qu’il avait demandé. Indignée de par son refus et son arrogance, elle le maudit et le précipita dans un destin funeste.
La Métamorphe
Dans tous les mythes où elle est citée, Morrígan apparait sous une multitude d’aspects différents, qu’il s’agisse de ses avatars, d’inconnus ou d’animaux. Ce qui lui permet d’agir dans l’ombre et de manipuler la destinée des différents héros de la mythologie celtique irlandaise. Sa transformation favorite restant bien sûr la corneille. Dans le Tain Bò Cualinge, elle prit trois formes différentes pour attaquer Cù Chulainn lors de sa bataille contre Lòch. Avant la bataille, ils eurent un échange houleux et Morrígan promit de le blesser par 3 fois. Cù Chulainn jura d’en faire autant et la maudit en disant qu’elle ne pourra jamais se soigner, sauf s’il l
L’Oracle
Les prophéties de Morrígan ont rythmé une grande partie du cycle mythologique irlandais. C’est avec ces dernières qu’elle forgea le destin d’une grande majorité des protagonistes. Elle avait la capacité de prédire et de contrôler les destinées de tous. Ce fut elle qui offrit notamment la lance à Lugh, celle qui lui permit de tuer son grand-père Balor, qui était réputé pour être invincible. C’est elle également qui forgea le destin de Cù Chulainn jusqu’aux portes de la mort, sous les apparences alternées de Badb, de Nemain, de Scáthach et de la reine Medb.
La Poétesse
Les prophéties prononcées par Morrígan utilisaient un style d’oration très distinctif : le Rosc. C’est un style très archaïque de poèmes utilisé pour les énonciations prophétiques en utilisant un style rythmique semblable au haïku japonais. Morrígan manie la langue et les mots avec brio et nous prouve à quel point les mots prononcés peuvent être puissants et dangereux en magie.
La Sorcière
Morrígan était une guerrière, mais avait un gros penchant pour la magie. Elle préférait d’ailleurs la magie au combat au corps à corps. Dans le Cath Maige Tuired, elle et ses 2 autres avatars Macha et Badb (dans cette légende-là, il s’agit de ses sœurs) elle invoque une pluie de boule de feu ainsi qu’une pluie de sang pour enlever toute vitalité aux guerriers du camp ennemis pendant 3 jours, ce qui permit aux Tuatha de prendre un grand avantage et de remporter la victoire. Pendant la bataille, elles dressèrent également des mégalithes et créèrent une barrière magique pour délimiter le champ de batailles et empêcher quiconque de le fuir.
La Reine Spectrale
En étant la patronne du Sidhe, Morrígan a le contrôle absolu sur tout ce qui est de l’Autre monde. Elle apparait comme messagère de la mort sous l’apparence de « La lavandière », où elle lave le linge gorgé de sang de ceux qui sont destiné à mourir. Elle a conduit d’ailleurs ses spectres sur les champs de bataille dans sa forme de Badb et/ou de Nemain. C’est d’ailleurs de cette légende qu’est née celle des Banshee.
La Gardienne des Terres
Nombreux sont les sites liés à Morrígan en Irlande. Les plus connus sont notamment l’Oweygnacat, qui n’est d’autre que la légendaire « Grotte de Cruachan », le lieu qui connecte le monde des vivants au Sidhe et qui est le repère de Morrígan. Aux alentours du site de Brúg na Bóinne se trouve le « lit du couple » qui était l’endroit où Morrígan et Dagda s’unirent physiquement. Il y a également les « Dá Chích na Morrígna », des collines qui portent le joli nom de « seins de Morrígan ». « Gort na Morrígna » (Les plaines de Morrígan) qui font penser à la signification du nom de Macha et bien d’autres site encore. Même si Morrígan n’est pas une déesse-mère, elle reste néanmoins rattachée aux terres d’Irlande où elle y proclama sa souveraineté.
Les Morrígna (le groupe de déesses formant la Morrígan)
Badb
Badb est l’aspect le plus intimidant de Morrígan. Aussi connue sous le nom de Badb Catha (Corneille de Bataille), il semblerait que son existence ait été amenée par son nom Badb, qui aurait été un surnom de Morrígan. Elle apparait dans la première bataille de Moytura et dans la légende de Cú Chulainn. Elle est responsable de la « mutation » de Cú Chulainn, lorsque celui-ci entre dans une rage folle (appelée riastrad). Celui-ci se retrouve totalement défiguré, avec une apparence monstrueuse et une force décuplée. Badb est donc liée à la rage guerrière, aux massacres et au sang. Dans certains récits, elle ne se montrait pas, elle ne laissait qu’entendre sa voix ou son atroce hurlement à travers le champ de bataille. Son aspect spectral terrifiait tous guerriers qui avaient le malheur de la croiser.
En plus de la corneille, le loup est également un animal associé à Badb. Ce qui caractérise son comportement guerrier lors des guerres. Elle n’hésite à faire de la bataille une vraie boucherie et à poursuivre même ceux qui battent en retraite. Un des surnoms de Badb est « La déesse aux lèvres rouges ». Elle se lance dans la bataille telle un spectre déchainé et se nourrit du sang de ceux tombés au combat.
Macha
Le nom Macha signifie « plaine ». Symbolisé par une jument blanche, Macha est le symbole du royaume irlandais. Selon la légende, le site d’Emain Macha aurait été construit sous le commandant de Macha elle-même. Ses différents rôles dans les mythes avaient la particularité d’avoir pour thème la défense de la condition féminine. Pour faire court : ses mythes rappellent aux hommes de ne jamais sous-estimer la force des femmes. Aussi, lorsqu’elle se retrouve à devoir battre 2 chevaux à la course, en étant enceinte de 9 mois de jumeaux et qu’elle finit par accoucher de ses bébés, elle maudit les hommes d’Ulster, pour avoir forcé une femme à faire quelque chose d’impossible dans sa situation, sous la menace.
D’après les écrits, Macha était une femme d’une taille impressionnante. Lors de la construction de L’Emain Macha, elle utilisait sa broche pour mesurer la longueur des murailles.
À l’instar de Morrígan elle-même, c’est Macha qui symbolisait également la souveraineté. Les rois se devaient d’épouser Macha pour avoir le droit de pouvoir sur les terres.
Anu, Danu
Tuatha de Dannan signifie la tribu de Dana, cela tout le monde le sait. Ce qui signifie que les Tuatha étaient tous des fils et filles de Dana, d’une certaine manière. Dépendamment de la région, Dana portait également le nom de Anu. (En fait
Nemain
Nemain possède a peu près les mêmes caractéristiques que Badb. C’est une déesse spectrale qui aime « empoisonner » l’esprit des rangs ennemis et les faire mourir d’effroi. C’est des exploits précis de Nemain que naquit la légendaire Banshee. Avec le son de sa voix elle provoque le úathbas (la mort par la terreur). La peur qu’elle inspire est tellement horrible, que les soldats en meurent littéralement. La légende dit qu’elle était la femme de Néit, le dieu de la guerre, de même que Badb, ce qui laisse supposer qu’elle est un aspect lié plus à Badb que Morrígan elle-même.
Fea
De Fea nous ne savons malheureusement pas grand-chose. C’est une déesse similaire à Badb et Nemain, qui était aussi une des femmes de Néit. Les rôles qu’elle a joués étaient toujours accompagnés de Badb et Nemain, ce qui fait que les écrits ont beaucoup de lacunes la concernant. Elle serait liée, comme Morrígan, aux génisses, plus particulièrement à Fe et Men, les deux vaches légendaires énoncés dans le « Dindshenchas ».
sources: The Guises of The Morrigan; The Irish Goddess of Sex & Battle - David rankine et Sorita d'Este
The Book of The Great Queen; The many faces of the Morrigan, from ancient legends to modern devotions - Morpheus Ravenna
Celtic Lore & Spellcraft of the Dark Goddess - Stephanie Woodfield
The Book of The Great Queen; The many faces of the Morrigan, from ancient legends to modern devotions - Morpheus Ravenna
Celtic Lore & Spellcraft of the Dark Goddess - Stephanie Woodfield