En Ecosse et en Irlande, la banshie, ou banshee, est une fée ou une revenante attachée à certains clans de souche ancienne, qui apparaît en poussant d'horribles hurlements pour annoncer le décès prochain du seigneur ou de l'un des membres de la famille à laquelle elle est liée..
Le cri de la Banshie
Pour qui le connaît, le cri de la banshie est si terrifiant qu'il glace le sang dans les veines et blanchit prématurément les cheveux de celui qui l'entend. On dit qu'il rappelle tout à la fois le hurlement du loup, le cri d'une oie sauvage, les pleurs d'un enfant abandonné et les plaintes d'une femme en train d'accoucher. De plus, il est si puissant qu'il est capable de réveiller le dormeur le plus récalcitrant et de couvrir le vent le plus violent.
En Irlande, la banshie apparaît souvent sous la forme d'une femme à la longue chevelure hirsute, vêtue d'une robe verte et d'un manteau gris. A force de pleurer, ses yeux sont rouge sang. Walter Scott explique qu'en Irlande " on assigne à certaines familles d'une origine très ancienne et d'un rang distingué le privilège d'avoir une banshie, comme on l'appelle, ou une fée domestique, dont les fonctions sont de se montrer en versant des larmes pour annoncer la mort prochaine d'une personne de cette race privilégiée.(...) Si je suis bien informé, l'honneur d'avoir une banshie n'est accordé qu'aux fa milles de pure originie milénienne, et n'est jamais partagé par aucun descendant du plus fier Normand ou du plus audacieux Saxon qui aient jamais suivi la bannière du comte Strongbow; bien moins encore à ceux des aventuriers qui se sont établis dans l'Île Verte à une date plus récente."
Lady Wilde, la mère d'Oscar Wilde, ajoutait aux protégés des banshies les musiciens et les poètes : " Seules certaines famille de haut lignage historique ou les personnes douées pour la musique et la chanson sont protégés par cet esprit."*
Lady Wilde classe nettement la banshie parmi les revenants : "Parfois, la banshie prend la forme d'une douce vierge chantante, morte jeune, et à qui les pouvoirs invisibles ont donné la mission de devenir l'annonciatrice des deuils qui vont frapper ses descendants. Ou bien on peut la voir sous la forme d'une femme enveloppée d'un suaire, en train de se lamenter derrière sa face voilée. On peut aussi l'apercevcoir en train de voler au clair de lune, pleurant amèrement. Les pleurs de cet esprit sont les sons les plus lugubres que l'on peut entendre sur cette terre. Ils présagent à coup sûr la mort de l'un des membres de la famille lorsqu'on les écoute dans le silence de la nuit.."*
La banshie est si attachée à la famille dont elle est la protectrice qu'elle l'accompagne dans tous ses déménagements, même à l'étranger. Ainsi, la banshie de la famille O'Gradys, qui émigra au Canada, poussa de longs gémissements lorsque deux membres de ce clan trépassèrent en cette lointaine terre.
Les Banshies jouent aux échecs
Selon Walter Scott, les clans d'Ecosse étaient également placé sous la protection d'une banshie, dont le rôle allait plus loin encore que celle d'Irlande :
" Plusieurs familles des montagnes d'Ecosse prétendaient autrefois à la disctinction d'avoir un esprit domestique qui remplissait les mêmes fonctions que la banshie d'Irlande. Cependant, les devoirs de cet esprit, dont la forme et l'extérieur variaient suivant les occasions, ne se bornaient pas à annoncer la mort de ceux dont les jours étaient comptés. Les montagnards savaient en exiger d'autres services; tantôt d'écarter d'eux les périls d'une bataille; tantôt de veiller sur l'enfant qui devait être leur héritier, et de le garantir de tous les dangers particulier à son âge; quelquefois, de daigner intervenir jusque dans les jeux du chef, et de l'avertir de la carte qu'il devait jouer, ou de la pièce qu'il devait avancer aux échecs." **
A l'appui de ses dires, Walter Scott cite le cas d'un de ses ancêtres qui avait à sa disposition l'un de ces dévoués fantômes :
" Parmi ces esprits qui ont bien voulu prouver leur existence dans les temps modernes, est celui de nos ancêtres de la famille MacLean de Lochbuy. Avant la mort d'une de ces descendants, ce fantôme-chef galope le long du bord de la mer, près du château, et annonce cet évènement par ses cris et ses lamentations. On dit que ce spectre avait fait sa ronde et poussé ses cris pendant quelques années, quand on apprit la mort du brave chef de cette famille, tandis qu'il servait à Lisbonn sous lord Wellington; et par conséquent, quoiqu'il en fût très affligé, il n'en fût nullement surpris." **
Dans les Highlands d'Ecosse, une banshioe surnommée la laveuse du gué lavait les vêtements de ceux qui allaient périr au cours d'une bataille. La banshie des MacLeod hissait chaque matin le drapeau aux armes de la famille et berçait l'enfant héritier dans son lit. Quand à la banshie du clan des Grant, au XVIIème siècle, elle indiquait à son seigneur les coups gagnants aux échecs.
* f.s wilde, ancien legends of ireland, londres, 1887
** Walter scott, histoire de la démonologie et de la sorcellerie, op.cit
extrait de L'Encyclopédie du Merveilleux d'Edouard Brasey