Pourquoi je ne suis pas croyante
T. Thorn Coyle, http://www.huffingtonpost.com/t-thorn-coyle/why-i-am-not-a-believer_b_3394044.html
(tradition Feri)
Traduit et adapté de l’anglais par Iridesce.
« Perçois d’abord et crois ensuite. » Victor H. Anderson.
Lorsque je dis que je ne suis pas croyante, cela ne signifie pas que je ne crois en rien. Cela veut dire que la croyance n’est pas centrale dans ma vie religieuse et spirituelle. En fait, je n’accorde qu’une très maigre importance à la croyance. Elle ne structure pas mon expérience ; c’est mon expérience qui structure le peu de croyances que je peux avoir.
Ma vie spirituelle consiste d’abord en la pratique, et seulement ensuite en l’élaboration de théories. Toutes les théories que je soutiens sont simplement là pour expliquer – ou donner un contexte à – l’expérience. Il arrive que la gnose surgisse dans un flash d’illumination synaptique, mais le chemin commence à s’ouvrir, la majeure partie du temps, avec la pratique.
Dans les moments où le processus s’inverse, c’est encore et toujours la pratique qui me montre si l’idée qui m’est venue était une aberration ou non. Comme un scientifique qui ferait une découverte en réfléchissant dans son bain ou debout dans un bus : après le grand événement, on en revient aux processus de tests et de comparaisons.
Pour paraphraser Joseph Campbell : je n’ai pas besoin de croyance parce que j’ai l’expérience. Je peux avoir une expérience profondément bouleversante des divinités, ou nager dans une mer de lumière et de connexion, ou avoir une compréhension profonde et intuitive au sujet de quelqu’un. Avec le temps, je peux élaborer des théories basées sur ces expériences, et les mettre à l’épreuve en les confrontant à celles d’autres gens. Je peux retenir tout cela, et toutefois reconnaître que demain, une nouvelle information pourra surgir et me faire changer d’avis. Je peux retenir tout cela, et savoir que je ne tiens qu’une toute petite goutte dans un grand océan. Je peux mettre ma part de scepticisme de côté et ressentir le pouvoir de mes expériences du numineux, sans ressentir le besoin de fonder tout un système de croyances autour d’elles.
Nous les humains, nous sommes des conteurs. Les histoires appliquent du sens sur nos expériences. C’est une bonne chose. Il y a des vérités dans nos histoires, aussi bien que de l’exploration, et une connexion avec les lignes du passé et du futur. Lorsque les histoires se cristallisent en croyances ou fois inébranlables, cependant, les humains foncent droit dans les ennuis. Nous oublions que le cosmos est un processus en cours. Nous oublions que nous ne détenons pas la pleine et entière vérité, mais uniquement une de ses facettes. En oubliant que toute histoire permet un enseignement et une connexion – qu’elle est une explication de l’expérience, et pas une chose – on court le risque de penser que notre histoire est l’Histoire. C’est cette certitude qui fait un bon terreau à l’intolérance, à la xénophobie, à la haine, et même à la guerre.
Nos histoires s’entremêlent, toutes essayent d’expliquer le mystérieux, de résoudre ce qui est tout simplement hors de notre portée. Elles sont toujours incomplètes, mais pointent vers une réalité ou une autre. Jusqu’à ce que l’existence des microbes ait été prouvée, nous avons eu besoin de plusieurs histoires pour expliquer les phénomènes liés aux microbes. Ne pas être croyante m’offre la flexibilité de mon expérience du Mystère. Ne pas être croyante garde la porte de la possibilité ouverte.
La manière la plus succinte que j’ai trouvée d’expliquer le manque de rationalité au coeur de l’expérience spirituelle est de me rappeler que « L’amour n’est pas que de la dopamine. » Je n’ai pas besoin de croire en l’amour parce que j’expérimente l’amour. L’amour est en partie un jeu de réponses chimiques qui affecte mes émotions, mais c’est également quelque chose de plus. L’amour est ineffable. C’est ce que je ressens quand j’observe le ciel nocturne, c’est mon expérience au coeur d’un rituel lorsque j’invoque, et que quelque chose d’Autre se montre, et que je ne suis pas la seule à l’expérimenter.
Mon cerveau rationnel fait sens de tout cela en se rappelant qu’il existe bien des choses qu’on ne peut pas expliquer à ce jour. La gloire du cosmos est une chose merveilleuse parce qu’elle me fait ressentir un sentiment d’admiration et de crainte. La musique me transporte lorsque les musiciens sont en harmonie les uns avec les autres, avec la musique et avec le public, et que quelque chose de spécial nait de tout cela. Ce « quelque chose de spécial » est ce que je nomme le Sacré. C’est une chose sainte. Rien de tout cela ne requiert une croyance. Le numineux arrive, et quelque chose en moi change. Cela peut se produire pendant un rituel, une prière, ou à tout autre moment.
Sommes-nous ouverts à ces expériences à cause d’une certaine prédilection, ou parce que les prières, rituels ou méditations ont activé certains chemins dans nos cerveaux ? Oui. Sommes-nous ouverts à ces expériences parce que nous chantons tous ensemble dans une pièce, ou que nous sommes tous assemblés autour d’un feu de joie sur une plage la nuit, et que cela nous a altérés émotionnellement ? Bien sûr ! La chimie rencontre la physiologie, qui rencontre l’émotionnel, qui, selon mon expérience, touche au Mystère.
Et parfois, pendant que je fais l’amour, je me mets à parler en langues*. Il n’y a aucune croyance à relier à cela. C’est juste quelque chose qui est.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Glossolalie
T. Thorn Coyle, http://www.huffingtonpost.com/t-thorn-coyle/why-i-am-not-a-believer_b_3394044.html
(tradition Feri)
Traduit et adapté de l’anglais par Iridesce.
« Perçois d’abord et crois ensuite. » Victor H. Anderson.
Lorsque je dis que je ne suis pas croyante, cela ne signifie pas que je ne crois en rien. Cela veut dire que la croyance n’est pas centrale dans ma vie religieuse et spirituelle. En fait, je n’accorde qu’une très maigre importance à la croyance. Elle ne structure pas mon expérience ; c’est mon expérience qui structure le peu de croyances que je peux avoir.
Ma vie spirituelle consiste d’abord en la pratique, et seulement ensuite en l’élaboration de théories. Toutes les théories que je soutiens sont simplement là pour expliquer – ou donner un contexte à – l’expérience. Il arrive que la gnose surgisse dans un flash d’illumination synaptique, mais le chemin commence à s’ouvrir, la majeure partie du temps, avec la pratique.
Dans les moments où le processus s’inverse, c’est encore et toujours la pratique qui me montre si l’idée qui m’est venue était une aberration ou non. Comme un scientifique qui ferait une découverte en réfléchissant dans son bain ou debout dans un bus : après le grand événement, on en revient aux processus de tests et de comparaisons.
Pour paraphraser Joseph Campbell : je n’ai pas besoin de croyance parce que j’ai l’expérience. Je peux avoir une expérience profondément bouleversante des divinités, ou nager dans une mer de lumière et de connexion, ou avoir une compréhension profonde et intuitive au sujet de quelqu’un. Avec le temps, je peux élaborer des théories basées sur ces expériences, et les mettre à l’épreuve en les confrontant à celles d’autres gens. Je peux retenir tout cela, et toutefois reconnaître que demain, une nouvelle information pourra surgir et me faire changer d’avis. Je peux retenir tout cela, et savoir que je ne tiens qu’une toute petite goutte dans un grand océan. Je peux mettre ma part de scepticisme de côté et ressentir le pouvoir de mes expériences du numineux, sans ressentir le besoin de fonder tout un système de croyances autour d’elles.
Nous les humains, nous sommes des conteurs. Les histoires appliquent du sens sur nos expériences. C’est une bonne chose. Il y a des vérités dans nos histoires, aussi bien que de l’exploration, et une connexion avec les lignes du passé et du futur. Lorsque les histoires se cristallisent en croyances ou fois inébranlables, cependant, les humains foncent droit dans les ennuis. Nous oublions que le cosmos est un processus en cours. Nous oublions que nous ne détenons pas la pleine et entière vérité, mais uniquement une de ses facettes. En oubliant que toute histoire permet un enseignement et une connexion – qu’elle est une explication de l’expérience, et pas une chose – on court le risque de penser que notre histoire est l’Histoire. C’est cette certitude qui fait un bon terreau à l’intolérance, à la xénophobie, à la haine, et même à la guerre.
Nos histoires s’entremêlent, toutes essayent d’expliquer le mystérieux, de résoudre ce qui est tout simplement hors de notre portée. Elles sont toujours incomplètes, mais pointent vers une réalité ou une autre. Jusqu’à ce que l’existence des microbes ait été prouvée, nous avons eu besoin de plusieurs histoires pour expliquer les phénomènes liés aux microbes. Ne pas être croyante m’offre la flexibilité de mon expérience du Mystère. Ne pas être croyante garde la porte de la possibilité ouverte.
La manière la plus succinte que j’ai trouvée d’expliquer le manque de rationalité au coeur de l’expérience spirituelle est de me rappeler que « L’amour n’est pas que de la dopamine. » Je n’ai pas besoin de croire en l’amour parce que j’expérimente l’amour. L’amour est en partie un jeu de réponses chimiques qui affecte mes émotions, mais c’est également quelque chose de plus. L’amour est ineffable. C’est ce que je ressens quand j’observe le ciel nocturne, c’est mon expérience au coeur d’un rituel lorsque j’invoque, et que quelque chose d’Autre se montre, et que je ne suis pas la seule à l’expérimenter.
Mon cerveau rationnel fait sens de tout cela en se rappelant qu’il existe bien des choses qu’on ne peut pas expliquer à ce jour. La gloire du cosmos est une chose merveilleuse parce qu’elle me fait ressentir un sentiment d’admiration et de crainte. La musique me transporte lorsque les musiciens sont en harmonie les uns avec les autres, avec la musique et avec le public, et que quelque chose de spécial nait de tout cela. Ce « quelque chose de spécial » est ce que je nomme le Sacré. C’est une chose sainte. Rien de tout cela ne requiert une croyance. Le numineux arrive, et quelque chose en moi change. Cela peut se produire pendant un rituel, une prière, ou à tout autre moment.
Sommes-nous ouverts à ces expériences à cause d’une certaine prédilection, ou parce que les prières, rituels ou méditations ont activé certains chemins dans nos cerveaux ? Oui. Sommes-nous ouverts à ces expériences parce que nous chantons tous ensemble dans une pièce, ou que nous sommes tous assemblés autour d’un feu de joie sur une plage la nuit, et que cela nous a altérés émotionnellement ? Bien sûr ! La chimie rencontre la physiologie, qui rencontre l’émotionnel, qui, selon mon expérience, touche au Mystère.
Et parfois, pendant que je fais l’amour, je me mets à parler en langues*. Il n’y a aucune croyance à relier à cela. C’est juste quelque chose qui est.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Glossolalie
Dernière édition par Iridesce le Ven 25 Sep 2015 - 8:43, édité 1 fois