Seshat, Déesse de l'histoire
L'archiviste des dieux
Gainée dans une peau de léopard, la déesse Seshat est l'une des plus ravissantes représentantes du panthéon égyptien. Épouse de Thot, elle possède par ailleurs un savoir aussi entendu que celui de son compagnon à tête d'ibis. Seshat conjugue à merveille élégance et connaissance. Patronne de l'Histoire, elle est la mémoire des hauts faits de Pharaon et de tous les dieux. Mais elle a plus d'une corde à son arc...
Sous sa lourde coiffe, le port de tête de Seshat n'en est que plus majestueux. Dotée de la plus fine des intelligences, la belle déesse est la mémoire vivante de l’Égypte, du monde des vivants comme du royaume des mort. Pharaon apprécie d'ailleurs de la voir à ses côtés au cours des cérémonies qui émaillent son règne ou à occasion de l'édification d'un temple.
La belle déesse porte en elle la notion de l'écrit.
En dépit des talents multiples dont font preuve les dieux de l’Égypte ancienne, rares sont ceux qui sont initiés au mystère des hiéroglyphes. La belle Seshat fait partie de ces privilégiés, au même titre que Thot, son époux lunaire à la tête d'Ibis. Son nom, qui peut également s'écrire "Séchat" signifie littéralement "la maison de l’Écrit" (de sech, "l'écrit" et chat, "maison"). Son patronyme lui octroie donc naturellement le titre de "Maitresse de la maison des Livres", une dénomination riche d'attributions.
Présentée sous son seul aspect de déesse de l’Écriture, Seshat, que l'on qualifie parfois de "Secrétaire divine" est à l'origine de l'invention des hiéroglyphes. Elle est donc la patronne des scribes et, par extension, celle des écoliers en âge d'apprendre à écrire. Dans le royaume des vivants, elle veille logiquement sur les bibliothèques des temples. Dans le royaume des dieux, elle est une documentaliste rigoureuse qui met sa science au service de tous les membres du panthéon en consignant jour après jour leurs moindres faits et gestes.
L'archiviste au service des dieux et du roi
Si l'archiviste divine possède aussi les attributs de déesse de l'Histoire, c'est parce qu'elle couche sur ses rouleaux de papyrus le détail des actes royaux. Elle élabore la titulature du nouveau pharaon lors de son intronisation, note avec précision le déroulement des campagne militaires victorieuses et tient la comptabilité détaillée des trésors de guerre rapportés par l'armée.
Chaque année, à l'occasion des fêtes du Nouvel An, au début de l'inondation, Seshat se rend à Héliopolis où, au centre de la cour du temple consacré à Rê, se tient l'arbre ished. La déesse préside alors, aux côtés de son époux Thot et en présence de Pharaon, la cérémonie protocolaire au cours de laquelle on rejoue le couronnement du roi, gage de l'harmonie terrestre.
A cette occasion, Seshat grave sur l'un des fruits de l'arbre le cinquième nom de la titulature pharaonique : elle tient ainsi à jour la liste des noms de ceux qui se sont succédé sur le trône d’Égypte. A la saison sèche, Seshat revient à Héliopolis et utilise de nouveau son calame sur l'arbre ished, cette fois pour enregistrer le nombre d'années de règne accordées à Pharaon dans le cadre des festivités liées à la célébration du jubilé royal.
Avec Thot, elle forme le couple divin le plus savant
Certains mythologues ne voient en Seshat que le double féminin de Thot. Il est vrai qu'ils partagent de nombreux talents. Au-delà de leur connaissance des lettres et de leurs présence commune aux célébrations du couronnement et du jubilé, ils tiennent l'un et l'autre une place importante dans le domaine des sciences.
Si Thot est le dieu lunaire inventeur du calendrier, son alter-égo Seshat est la divinité astrale qui a servi à mesurer le temps. A ce titre, ils sont l'un et l'autre patron des sciences en général et des mathématiques en particulier. En effet, ils ne se contentent pas d'écrire et d'archiver, ils mesurent et calculent sans répit.
Cette dimension vaut à Seshat l'appellation de "Maitresse de la maison des architectes", car si elle sait bien compter, elle est également imbattable dans la mise au point des plans et l'élaboration des tracés architecturaux.
Seshat aide Pharaon au tracé d'un nouveau temple
Lorsque Pharaon décide de l'élévation d'un nouveau temple, il peut compter sur l'aide précieuse de Seshat. Les scientifiques et les liturgiques s'en remettent à elle pour déterminer l'exposition du futur monument. L'orientation est une donnée essentielle de la vie religieuse, car un temple bien axé reçoit mieux les énergies divines. Seshat se fonde donc sur la course du Soleil, le cheminement du Nil et, enfin, sur une visée astrale qui la guide vers la position exacte de l’Étoile polaire et de la Grande Ourse.
A la tombée de la nuit, la déesse, ou un membre du clergé portant un masque la représentant, accompagne Pharaon sur l'emplacement du futur sanctuaire. Tenant compte des données stellaires, ils plantent les quatre piquets d'or qui servent à délimiter la zone à bâtir, puis tendent un cordeau pour s'assurer de la rectitude des murs. C'est encore Seshat qui surveillera le bon déroulement de la construction de la demeure divine, depuis le creusement des fondations jusqu'à la pose de l'ultime pierre. Elle conservera ensuite, pour l'éternité, le plan des édifices.
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Auteur : Valentine PalfreyCopyright Éditions Atlas, 2003